Deliverance

Testé le 6 novembre 2018

Fiche technique

Titre : Deliverance (US) / Délivrance (FR) / 脱出 (JP)

Année de sortie : 1972

Origine : USA

Réalisateur : John Boorman

Version LD testée : Version US - 12482

Durée : 109 min

Format : Letterbox

Meilleur mode (lumagen) : Film



Le film démarre avec le bon vieux mythe du retour à la nature, cher à Boorman. Un barrage en construction, triste symbole de la modernité, du contrôle de la nature, causera bientôt l’inondation de toute une vallée sauvage. Quatre hommes de la ville décident pour un week-end d'aller braver cette nature en voix d'extinction, et de descendre le fleuve sauvage qui sera bientôt submergé. L'expédition durera deux jours. Des locaux pourront s'occuper pour quelques dollars d’amener les voitures en aval pour reprendre la route le lendemain. Mais tout ne se passe pas comme prévu.

Bien sûr on s'attendait à de l'action et des rebondissements. Mais rien ne nous préparait à un tel changement d'orientation de la part de Boorman. L'ordinaire est bouleversé, le rôle de chaque homme s'inverse peu à peu fil du film. L'un assuré, et dominateur, fini blessé au fond de son canoë, dépendant complètement des autres. La vallée et ses habitants inoffensifs (le petit joueur de banjo fini par dépasser et intimider le guitariste) deviennent peu à peu hostiles, et présentent un danger pour les quatre hommes qui représentent "la culture". Un danger physique bien sûr, mais aussi et surtout psychologique. Car la nature, c'est bien sur ce que cherche à contrôler la culture d'un point de vue matériel (couper des arbres, en planter d'autres, créer des outils) mais aussi dans tous les autres domaines : la reproduction, l'alimentation, l'habitat, le droit. Il existe un droit "naturel", dans le sens où il émane naturellement de la logique et des circonstances. A l'inverse, le droit dit "positif", est un droit qui résulte d'une décision prise à un moment donné par un groupe humain et qui reste inchangé pour un certain temps, même s'il présente des incohérences, trop d'incohérences amenant cependant les hommes à réviser ce droit.

Les protagonistes du films se confrontent peu à peu à ces questions de droit. Car, si "dans l'espace, personne ne vous entendra crier", dans la foret vierge, ce sera plutôt "personne ne sera là pour vous juger". Tuer un homme dans un lieux aussi éloigné de toute institution judiciaire (police, tribunal) ne pose pas les mêmes problèmes que d'en tuer un en plein centre ville. Les quatre devront faire des choix éthiques qui seront leur fardeau, pendant tout leur périple, mais également lors de leur retour en ville, où ils devront faire face à la "culture". S'ils cherchent à fuir la forêt dans un premier temps, ce sera ensuite la culture qu'ils devront affronter. Encore une fois, la place que chacun occupe sera renversée. Dans ces espaces d'incertitudes, ils devront constamment réinventer leur rôle.

Techniquement, le film est superbe. Boorman aime la nature, et on le sent. Les paysages sont de toute beauté, et on se retrouve vite immergé dans cette jungle hostile mais fascinante. Les bruitages sont également excellents. Le chant des oiseaux, l'écoulement du fleuve... Les acteurs, peu connus, jouent juste, endossent parfaitement leur rôle et dégagent un charisme impressionnant.


Concernant le laserdisc, on peu dire que l'image n'est pas mauvaise, et le son de bonne facture. Le contrat est rempli. Néanmoins, on notera que l'image est "bruyante", et parfois d'une définition douteuse. Même un processeur vidéo de haute gamme comme le lumagen 2144 pourra difficilement délivrer une image parfaitement désentrelacée tout au long du film.


Notes

Film

5/5

Laserdisc

3/5



Galerie